En 2002, j'ai
décidé de partir
seule en Amérique Latine
afin de travailler comme Reporter
Free-lance pendant 2 ans, mon
sac sur le dos, des idées
d'humanitaire derrière
la tête. Je me suis peu
à peu spécialisée
dans les droits des peuples
indigènes et des minorités,
partageant la vie de nombreuses
tribus, jouant parfois le rôle
de médecin, psychologue,
médiatrice ou contestataire,
d'où mon surnom récurrent
de Nueva Che. A côté
de mon travail en presse écrite,
j'ai participé à
la réalisation de deux
documentaires vidéo sur
des communautés minoritaires.
L'image a encore plus d'impact
que les mots pour décrire
cette réalité
oubliée.
Dans tous les
pays qui séparent le
Mexique du Venezuela, j'ai couvert
de nombreux sujets politiques
et anthropologiques, interviewé
des réfugiés de
conflits internes, des membres
de gangs, des présidents
de la république, sénateurs,
chamans et chefs de tribus.
Polyglotte, j'écris en
français, anglais et
espagnol et je suis parfois
traduite en langues scandinaves.
La plupart du temps, je dois
travailler bénévolement.
Mon but est
de donner la parole à
ceux qui n'en ont pas, de les
écouter, de dénoncer
leur oubli, de tenter de faire
comprendre au plus grand nombre
qu'une vie est une vie, peu
importe l'endroit où
elle se déroule. Dans
la pratique, ce n'est pas le
cas aujourd'hui. Chacun reste
enfermé dans ses frontières.
L'autre reste pour beaucoup
une animation de camps de vacances,
un moment d'apitoiement avant
de leur jeter quelques cacahouètes.
" Ben quoi, il n'ont pas
de plumes ces indiens ? "
" C'est même pas
des vrais, ils ont l'électricité.
" Les indiens aussi ont
droit au progrès, qu'ils
mélangent d'ailleurs
harmonieusement à leurs
mythes ancestraux.
Les indiens
d'Amérique Latine méritent
d'être entendus. Le monde
industrialisé s'intéresse
peu à leur sort. Dans
leur propre pays, c'est encore
pire. La rédaction d'un
grand journal d'Amérique
Centrale m'a dit une fois :
" tu sais, les indiens
ne sont pas pour nous des personnalités
intéressantes, pas comme
pour les Européens. "
Vu l'intérêt qu'on
leur porte en Europe, imaginez
un peu l'importance qu'ils ont
là-bas
Alors on
les oublie au fin fond de leur
jungle. Au moment des élections,
des représentants leur
offrent des pacotilles et leur
promettent monts et merveilles.
Le lendemain, ils sont à
nouveaux aux oubliettes. Il
est temps de remettre un peu
en question nos systèmes
de valeurs. Ils ont en tout
cas beaucoup à nous apprendre
sur l'humanité. Ecoutons-les
!
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