Une élection présidentielle comme espoir pour les peuples indigènes du Panama

 



Photos Anthony Azael

Gaelle Sevenier
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23 Avril 2004

Le Panama a élu Président de la République, le 6 Mai 2004, Martin Torrijo, fils de l'ancien général Ricardo Omar Torrijo au pouvoir de 1968 a 1981, avec son parti le PRD, le Parti Révolutionnaire Démocratique. Le nouveau Président a été appuyé par la majorité des tribus indiennes du pays qui représente 9% d'une population Panaméenne de 2 millions 900 miles habitants. De nombreux Kuna, tribu guerrière de 50,000 habitants, faisaient parti des électeurs de Torrijo.

Les Indiens Kunas du Panama vivent sur un territoire semi-autonome, dans trois Comarcas qui sont des réserves indiennes dotées de leurs propre lois et protection des terres. Ce sont celle Kuna Yala de l'archipel de San Blas, sur la côte caraïbe du pays, et celles à l'intérieur des terres de Madou Gandi et de Wargandi. Ces tribus, originaires de Mayas mélangés aux indiens d'Amazonie, ont gardé toute leur authenticité culturelle dans un pays longtemps occupé par les américains.

Les Kunas, qui ont depuis leur Révolution de 1925 leur propre organisation politique, se sont toujours impliqués dans la vie politique de leur pays. Ils se souviennent parfaitement du Général Torrijo, Président dans les années 70 qui a été un des premiers à aider leurs villages. " Les militaires des années soixante-dix étaient différents des gouvernements militaires qu'on a pu voir dans d'autres pays d'Amérique Latine " raconte Mani Stanley, jeune Kuna membre de l'organisation " Mouvement de la jeunesse Kuna ". " Ils étaient très paternalistes avec les indiens du Panama, ils nous ont donnés accès à de nombreuses facilités. " C'est grâce au général Torrijo que les villages indiens ont aujourd'hui accès à des écoles et à des centres de santé.

Sogui Diaz, Kuna de 26 ans vivant à la capitale, est militante du Parti Révolutionnaire Démocratique : " le PRD a une structure ouverte qui permet réellement aux jeunes d'avoir une participation active. Peu de partis acceptent que les indiens participent et fassent des propositions pour aider leurs communautés. Omar Torrijo a été le premier à aider les indiens en donnant accès à chaque village de plus de 150 habitants à une école et à un centre de santé. Son fils continuera à nous venir en aide. "

Le mode d'organisation de la société Kuna est basée sur une démocratie qui permet au peuple de participer aux décisions. Chaque communauté a sa propre Maison du Congrès appelée Onmakket où les représentants se retrouvent régulièrement. Chacune des 49 communauté Kuna au Panama élit un Sahila parmi les plus vieux, ainsi que quatre représentants. Les Sahilas se réunissent entre eux pour élire trois Caciques qui représenterons l'ensemble du peuple Kuna au Confrès Général.

Briceida Iglesias, leader d'un groupe de danses traditionnelles, native de l'île d'Ustupu, nous donne son interprétation de l'union démocratique Kuna : " Nos ancêtres nous ont appris à nous unir et à nous organiser en démocratie, bien avant les idées démocratiques venues d'Europe. Ici tout le monde donne son avis. Le leader doit être calme et écouter les autres. Nan Dummad (la terre mère en Kuna) nous montre plein d'exemples avec la nature. Les étoiles sont unies avec le ciel, la lune. Une personne ne peut pas tout porter sur son dos. L'union fait la force, la maison familiale, le Congrès du village représentent l'union. Si le " palo " qui supporte le toit du Congrès n'est pas fort, tout peut s'effondrer. Le leader doit être fort et soutenu par les autres. "

Depuis 1984, les Kunas ont deux législateurs au pourvoir. D'après le jeune Mani Stanley, ces représentants législatifs divisent le peuple Kuna : " les législateurs reçoivent un salaire de $10,000 par mois, comme tout autre législateur du pays. A côté de ça, nos représentants du Congrès, les Caciques, reçoivent une indemnisation de $300 par mois pour leurs frais de déplacement dans les communautés. L'écart est trop important, les Caciques ne reçoivent aucune aide du gouvernement pour améliorer la société. Les législateurs, comme tout autre politiciens, ne font que nous vendre des promesses en essayant de soudoyer les indiens. " Il n'est pas rare de voir des partis politiques offrir aux différents villages indiens des machettes, moteurs de bateau ou bourses d'étude afin d'acheter leurs votes, comme cela se passe dans la plupart des pays d'Amérique Latine.

Sogui Diaz, étudiante Kuna de 26 ans, espère que le PRD donnera plus de pouvoir au Congrès général. " Ce sont pour l'instant les législateurs qui donnent les bourses aux étudiants, mais au lieu de le faire en fonction du mérite de chacun, ils les donnent à ceux qui participent aux partis politiques ou bien pour influencer les votes. C'est le Congrès Général qui devrait répartir les bourses aux étudiants ainsi que les aides aux habitants, pour ceux qui le méritent le plus ou qui en ont le plus besoin. Sans l'aide financière du gouvernement, le peuple Kuna ne pourra jamais s'améliorer et sortir de la pauvreté. "

 

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